L'agenda de OLD'UP pour septembre-décembre 2023 est accessible en page d'accueil / agenda. Ou bien en cliquant ici ou là.
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A lire, un témoignage sur la cohabitation intergénérationnelle. C'est ici.
Le Comité Scientifique de OLD’UP a été créé dès 2008, en même temps que l’association. C’est en dire l’importance fondamentale.
Il a tout d’abord été présidé par le professeur Maurice Tubiana et Claude Vimont. Tous deux ont activement travaillé à sa mise en place. Claude Vimont a produit de nombreux textes sur l’accessibilité.
Le docteur Marie-Françoise Fuchs et le professeur feu Robert Moulias ont pris la suite. Sous leur direction, le Comité Scientifique a mis en œuvre de nombreux projets.
De 2021 à 2023 , le Comité Scientifique a été co-présidé par Blandine Destremau et Jean-Luc Noël.
Marie-Françoise Fuchs, fondatrice et présidente d'honneur de OLD’UP, reste très présente et active au sein du comité.
Découvrez ci-dessous deux textes fondateurs.
Le premier texte a été écrit par Marie-Françoise Fuchs pour la revue "Gérontologie et société" (2016, n°151, vol. 38). Inspiratrice de nombreuses activités et recherches-actions, Marie-Françoise Fuchs représente OLD'UP dans plusieurs instances.
- Longévité et immortalité : la vieillesse, un enjeu sociétal
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Avant de partager quelques réflexions sur ce sujet, je souhaite vous dire brièvement qui nous sommes. « Plus si jeunes mais pas si vieux », nous sommes des « vieux », des « Octo+ », issus de la nouvelle longévité, qui se sont réunis dans l’association OLD’UP. Nous sommes les témoins, les participants du « vieillissement durable », les bénéficiaires de l’allongement de la vie, « les apprentis centenaires » placés en premiers de cordée de ce temps en plus que notre civilisation nous offre.
Optimiser ce vieillissement, donner du sens et un rôle sociétal actif à cette génération nouvelle, voilà l’utopie créatrice que porte depuis 7 ans l’association OLD’UP.
Apprentis centenaires, les « nouveaux vieux » d’OLD’UP explorent et expérimentent des possibles inédits.
À ce défi, enjeu sociétal majeur, quelles innovations ces témoins engagés vont-ils imaginer, créer ?
Ils parlent et font part de leur expérience, de leurs idées, de ce qu’ils ont réussi déjà à changer, ils ne se sont pas retirés du monde, ils travaillent en commun à donner du sens à leur vie et à être utiles à la société, ils tentent d’œuvrer à l’amélioration de la qualité de la vie pour chacun. Ils s’inscrivent dans de nouveaux réseaux relationnels, prennent en mains les années qui leur sont offertes.
Hommes et femmes, ils vivent un cheminement dynamique et fructueux où chacun peut s’accomplir, personnellement et collectivement.
Les nouvelles générations du XXIème siècle, peuvent ouvrir le dialogue pour construire ensemble ce présent et ce futur, c’est l’objectif que partage les membres de l’association.
Mener des actions significatives diverses, se ressourcer dans la réflexion et la pensée partagée, s’investir dans des activités citoyennes accompagne notre quotidien associatif.
Apprendre encore et toujours pour continuer à comprendre et utiliser les outils de notre époque est un challenge que nous tentons de gagner par l’apprentissage continu de l’approche du « digital ».
Parler, comprendre le langage, les messages des jeunes qui communiquent par « texto », SMS, Facebook ou autre, etc., est indispensable à rester vivant, participer à la vie du monde. Nous nous efforçons d’acquérir ces moyens et ces connaissances.
Rester branché au monde est la condition de notre participation à l’avenir de ce monde. Nous représentons une proportion très importante de la population occidentale, nous ne pouvons pas être uniquement des « consommateurs » vivant aux crochets des plus jeunes, l’équilibre entre les apports des uns aux autres est essentiel à l’harmonie. Chercheurs nous sommes, nous allons vers la découverte, la création de nouvelles participations sociales qui nous correspondent, modestes mais vraiment utiles.
Apprentis centenaires est une image qui semble parlante. Puisque notre génération inaugure l’allongement de la vie d’une large cohorte, elle en vit l’aventure et la découvre. Chaque jour offre des paysages inexplorés, des rencontres inhabituelles, sans parler évidemment des outils issus du numérique qui nous obligent à leur apprentissage. Sans doute par le passé nos grands-parents ou arrières grands-parents ont dû apprendre à conduire alors qu’enfants ils avaient au mieux appris à monter à cheval !
Qui sont nos maîtres, nos enseignants ? Bien entendu les « jeunes », qui sont nés avec ces nouveaux outils, la vie pour ce qui est l’exploration du « vieillissement durable » qui nous est offert.
OLD’UP favorise le partage de ces apprentissages par l’offre de lieux de rencontre dédiés à ces explorations.
La dynamique est lancée, elle rayonne et ainsi peut éclairer et donner du sens et de la joie à partager.
Après cette présentation de OLD’UP, qui se veut le reflet de ce que je perçois et entends lors de nos réunions de groupe, de nos échanges informels ou formels, des discussions ouvertes que nous avons eues suite à l’invitation de la revue à produire ce libre propos, parlons du sujet de ce numéro, traité par notre groupe de « vieux » : « Longévité et Immortalité »Abordons la question de la longévité.
Longévité : Vivre longtemps : pourquoi pas… Mais « bien ». Oui, suffisamment en forme pour que ce soit « une vie » !
Une affaire qui touche très particulièrement les OLD’UP, bénéficiaires et témoins vivants de cet âge d’or.
Nous sommes collectivement d’accord pour dire que vivre ces années en plus est une chance, une occasion de découvrir chaque jour de nouveaux aspects de nous-mêmes, de nos relations avec notre entourage, des beautés du monde, des développements technologiques, médicaux, etc. Suivre avec curiosité, liberté de penser et de réagir l’aventure de notre siècle est extraordinaire.
Même si les évènements ne sont pas toujours ce que nous espérons pour demain et après demain, nous espérons que nos valeurs humaines sauront se défendre des menaces extrémistes.
Notre rôle est précisément de nous attacher à faire témoignage des valeurs essentielles de notre civilisation, et à soutenir fortement le travail nécessaire à protéger notre planète de toutes les pollutions (celles qui touchent au climat, à l’atmosphère relationnelle et sociale, au terrorisme… aux extrémismes de tous genres.)
Quel voyage !! Nous partageons en y participant à l’évolution du monde qui nous fait tantôt rire tantôt pleurer, bien entendu, mais nous passionne. Nous avons à n’en pas douter besoin d’adoucir et de promouvoir l’amour de l’autre, la tolérance aux différences.
Nous suivons les méandres et les chemins auxquels nos enfants et petits-enfants sont amenés à agir, s’adapter, grandir…
Notre perception de ce qui nous entoure et des grands problèmes de notre époque devient différente, nous sommes souvent étonnés, heureux ou malheureux de l’évolution, notre responsabilité est moins engagée cela nous permet un peu de recul, d’humour. Cette nouvelle distance tient au fait que nous n’assurons plus le quotidien de nos proches (pas de responsabilités familiales, pas de nécessité de gagner notre pain quotidien pour le moment). Allégés de ces préoccupations, nous pouvons observer, penser, réfléchir aux grands courants qui traversent notre temps, partager avec d’autres nos réflexions, nos souhaits, avec joie et intérêt.
Nous ne sommes plus des acteurs de premier rang. Nous n’en avons plus les moyens, plus l’envie, nous sommes des observateurs, des recours « d’arrière-garde ». Nous savons notre impuissance à agir sur le terrain, mais cela nous permet cet autre regard qui va plus loin et voit plus largement l’horizon qui a le temps de se montrer. Nous avons cessé d’avoir le nez sur le guidon, ce n’est pas nous qui pédalons…
C’est paradoxalement le fait de notre fragilité, de notre lenteur, de la diminution de nos moyens physiques et de nos réflexes retardés qui nous donne ce nouveau temps de « vision » panoramique.
Oui, nous ne pouvons plus nous presser, nous jeter dans la mêlée, délivrés de cette responsabilité et de l’obligation de réactivité, répondre vite et fort ne nous est pas possible, nous y sommes résignés mais alors nous pouvons parfois conquérir le « SENS »… Il vient à nous, qu’en faisons nous, la question est là. Qui s’intéresse à utiliser ces fondamentaux entr’aperçus ?
À la recherche du sens, de nos vies, du destin de l’homme, nous pouvons aimer y donner notre attention, du temps, du partage… Qui est prêt à s’en servir ?
Nous sommes heureux d’être parfois utiles, de donner notre affection, de sourire à ceux qui veulent bien nous regarder et nous entendre…
La condition pour que cet allongement de vie (un cinquième de plus qu’au siècle dernier) soit désiré c’est qu’il nous permette de garder notre indépendance, c’est-à-dire que nos capacités mentales et physiques soient suffisamment correctes.
Garder l’œil ouvert, l’oreille curieuse et le pied levé sont des conditions indiscutables. Après, certains aimeraient la liberté de décider du quand et comment partir.
Mourir il faut, quand et comment sont de vraies questions, les réponses diffèrent pour chacun.
Nous aimerions avoir voix à ce chapitre, sans cesse ouvert mais vite refermé…
Encore ce « nous » qui est pour moi particulièrement souhaité et bien souvent partagé. Le sens de l’association OLD’UP, le pourquoi l’on s’y inscrit c’est pour cela que je me permets de penser, de dire, de communiquer c’est la raison d’être de ce mouvement, initié par les « vieux », voire « les très vieux ».
L’immortalité, ne pas « finir », ne pas « en finir » nous paraît être une utopie folle et néfaste. Les choses qui « n’en finissent pas » sont détestables !
Mourir ne nous fait pas peur, c’est « comment » qui nous inquiète.
« L’infini » est de l’ordre de l’impensable et très déstabilisant. On sait que c’est un des aspects des peurs profondes du très jeune enfant, qu’il a besoin de jouer avec des objets qui lui permettent un peu de maîtriser l’eau par exemple, il raffole des jeux où il verse, déverse et renverse avec une timbale l’eau d’une cuvette… La bienheureuse timbale maitrisée comme « contenant » lui enlève la terrorisante notion de ce qui ne peut se mesurer.
Pour nous, c’est le temps qui échappe à la mesure, mais chaque jour nouveau a un nom, un projet, un rendez-vous… C’est le présent, le cadeau qui fait sourire et profiter de s’éveiller.
Ce temps qui court puis ralentit parfois, ne peut être interminable… Quel ennui que l’interminable, pas d’espoir du lendemain, juste à prévoir la routine ! Ce qui est intense, nous nourrit d’émotions, c’est ce qui s’inscrit dans le temps, pas dans l’infini.
L’inachèvement est paradoxalement désiré et détesté.
Partir, mourir, est-ce une apothéose ou un enterrement dans l’obscur, l’oubli, le non-lieu ? Ou une transformation, une métamorphose indispensable pour donner sens à nos vies ?
Dans nos climats les saisons qui se succèdent nous ont appris la nécessité de la gestation en hiver pour que la naissance se fasse au printemps, puis que l’apogée de l’été avec sa maturation donne ses fruits. Il faut de l’automne pour que tombent les graines et les feuilles et que l’hiver puisse sous terre à nouveau faire germer le neuf, la création.
Nous aussi nous avons besoin de ces cycles, que naitrait-il de notre immortalité ???
Un danger de répétition, du tourner à vide, remplissage vide de sens.
La mort a un sens aussi fort que la naissance, nous ne pouvons pas nous passer des naissances, donc il serait fou de nous passer de la mort. La création est à ce prix, et qu’ils sont beaux les commencements.
Pour une longévité modérée, en suffisamment bonne santé nous sommes partants, c’est un cadeau, une opportunité magnifique et rêvée. L’immortalité nous paraît vide de sens.
C’est en raison de notre précarité, fragilité, que nous sommes animés, que le jour à suivre est espéré, prend tout son sens.
Jouer à l’apprenti sorcier peut nous amuser un moment, pas nous motiver pour de bon.
Quoi de neuf ? C’est une bonne question, à chaque jour suffit sa peine, nous ne pouvons pas envisager une continuité mimétique de notre présent.
Vivre une lune de miel éternelle, non, c’est indésirable, c’est sa finitude qui lui donne son prix, l’exception, l’émotion renouvelée.
Nous aimons vivre, échanger, penser, aimer, être aimés…
Le second texte a été écrit par le Professeur Robert Moulias. Professeur honoraire à l'Université Pierre et Marie Curie, décédé en février 2021, Robert Moulias enseignait dans plusieurs universités. Il était "past-president' de l'International Association of Gerontology and Geriatrics-European –Region, membre du Comité Scientifique de la Fédération contre la maltraitance et de la FIAPA. Il a présidé pendant 28 ans la Commission Droits et Liberté de la Fondation Nationale de Gérontologie.
- Donner un nouveau visage à la politique de la vieillesse
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1) Si on regarde la géographie de l'espérance de vie, on s'aperçoit que le "vieillissement" de la population est en fait un recul de l'âge de la vieillesse "physiologique". La longévité est le meilleur marqueur d'un "développement durable" (Longevity etc)
2 ) Il est scientifiquement démontré que la participation active des adultes âgés à la vie de la société (sociale, économique, culturelle et politique est le plus puissant facteur de "vieillissement réussi", alors qu'à l'inverse, repos, inactivité, inutilité sont de puissants facteurs de déclins cognitif et physique. Ce point de vue est partagé par les associations de "PA". je joins la version française du manifeste de la FIAPA (fed internationale de PA) ( Manifeste) . Favoriser le retour des vieux dans la vie sociale sous de nouvelles formes est aussi une nécessité démographique. Cette exclusion sociale est aussi une atteinte aux Droits (Déclaration de Liège).
3 ) Les adultes âgés ont des associations pathologiques complexes qui exigent un soin spécifique. L'envoi n'importe où des malades âgés en aval des urgences est un scandale quotidien y compris à Paris, dont les coûts humain et économique sont prodigieux. Permettre à chacun d'accéder à des soins appropriés est plus humain et plus économique. Cela implique de rompre des négligences et routines organisationnelles (soin inapproprié)
4 ) Malgré la baisse de l'incidence des troubles cognitifs, il existera toujours une minorité d'adultes âgés qui seront "dépendants" d'une aide humaine. L'absence de définition de cette situation s'oppose à sa prise en charge, par crainte d'une dépense illimitée ( déclaration personnelle d'une récente Sec d'Etat aux PA).
Définir un "Droit de la Dépendance" impliquerait de définir
- la "personne dépendante" (qui a toujours une autonomie qu'elle soit entière ou limitée), comment exercer ses droits et préserver sa liberté.
- le "proche-aidant" qui actuellement a sa liberté, sa santé et ses ressources compromises de façon démontrée a besoin d'un statut
- le professionnel de l'aide à la dépendance. Ce n'est pas le petit boulot d'un service à la personne
- les structures qui assistent ou hébergent ces personnes ont une autre mission que de simples "hébergement" et actes techniques, mais que "la dépendance ne soit plus vécue comme une déchéance". ( dépendance).
Pour en savoir plus sur ces questions, nous vous invitons à prendre connaissance des textes suivants :
- L'Appel de la Havane, Pour le droit des adultes âgés de rester des citoyens actifs participant à l'activité sociale, culturelle, économique, et politique de la société et construisant leur propre vie. Colloque FIAPA “Les droits de nos aînés dans le monde” - CUBA - Avril 2017
- La Dépendance des personnes âgées, Avis du Conseil Economique, Social et Environnemental, juin 2011.
- R Moulias, S Moulias, Longevity the best marker for sustainable development, Internal Medecine 2016
- Déclaration de Liège, mai 2014.
Note : La FIAPA est la Fédération Internationale des Associations des Personnes Âgées.
Fichier attaché Taille GÉRONTOLOGIE ET SOCIÉTÉ, N° 151, VOL. 38, NOVEMBRE 2016 LB_Longévité et immortalité_MF Fuchs.pdf
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